Spéciale
- Marine Sch.
- 17 déc. 2021
- 4 min de lecture
Spéciale ? Je suis spéciale ? On ne me l’avait jamais dit.
Et c’est bien ou pas d’être spéciale ?
Venant d’une enfant qui met en avant quelques lignes plus haut ma gentillesse, je suppose que oui ! Alors je prends et remercie ma petite Ambre pour ce nouvel adjectif !

J’ai du mal à m’approprier les compliments : ai-je vraiment ces qualités ? La gentillesse et puis ce côté spécial qui me rend unique et digne d’intérêt et d’affection ?
J’ai du mal à croire en la véracité des compliments que l’on me fait mais je les reçois, avec le sourire ! En effet, ça fait toujours plaisir un petit mot qui sort de l’ordinaire !
Alors si Ambre a choisi « spéciale », alors qu’elle aurait pu dire originale ou différente, c’est que je suis spéciale et que je devrais creuser le sujet pour en faire un nouvel atout ?!
Je suis spéciale comme le marque-page qu’elle m’a offert et qui est spécialement beau …
C’est un bijou marque-page, composé d’une feuille et d’un papillon en argent et en dentelles, le tout orné d’une petite perle violette avec une fleur éternelle dedans. Il me plaît ! Et je me plais ?
C’est plus compliqué … Pourtant si je suis spéciale comme ce petit présent, qui est également original et différent de tous les autres que j’ai pu recevoir de la part d’élèves, il y a de quoi se réjouir …
« Spéciale », décidément ce mot a du mal à passer le cap de l’acceptation.
Mais c’est parce qu’il fait écho à une de mes réflexions du moment …
Pourquoi moi ?
Pourquoi alors que nous sommes des milliards d’êtres humains éparpillés sur la planète, moi, je suis ici ?
Pourquoi ai-je la chance d’être née en France, dans une famille aimante ?
Et pourquoi un jour (soyons positifs) un homme m’aimera plus que toutes les autres femmes qu’il aura connues jusqu’alors ?
Pourquoi choisira-t-il de s’unir à moi et ainsi de ne plus regarder la gente féminine de la même façon ?
Pourquoi, si je reviens à ma réalité actuelle, un garçon décidera-t-il de me rencontrer, moi, plutôt qu’une des autres filles avec lesquelles il discute en parallèle ?
Pourquoi moi en première ?
Derrière ces questions, je reconnais une peur. La peur de ne pas avoir assez de qualités pour prétendre à de tels avantages et à de telles considérations de la part de mon entourage.
La peur aussi de voler la place de quelqu’un d’autre, d’être un leurre puis une source de déception et d’abandon.
Je ne veux pas m’imposer, je ne veux pas me battre contre mes frères et sœurs. Je regarde les autres avec admiration, alors que moi, je me rabaisse. Comment en se comportant de la sorte, je donnerais envie à un homme, à des amis de rester auprès de moi ?
Je m’efface, j’attends qu’on voie en moi ma spécificité. Qu’on m’apprenne à m’aimer.
Et je me trompe.
Non seulement je n’avance pas dans ma vie en adoptant une telle posture, mais en plus de ça, elle ne m’apporte aucune stabilité puisque je remets toujours autant en doute les paroles gratuites mais prétendues honnêtes que l’on m’offre !
Spécialement incorrigible !
Alors que je suis dans l’erreur … car c’est en cherchant à ne pas faire d’ombre, voire en passant mon tour, que je me rends indigne de la place que j’ai sur Terre.
Il y a un juste milieu à trouver entre affirmer ma nullité ou ma suprématie.
Il y a de l’amour pour tout le monde, pour cette fille, pour ce garçon et pour moi. Ce n’est pas une question de mérite. Seulement des rencontres qui se font, à un moment donné, lors d’un concours de circonstances au sujet duquel il est inutile de tergiverser pendant des heures.
C’est moi et puis voilà.
Je dois accepter ce qui est venu jusqu’à moi, ce qui vient et ce qui viendra. Je dois m’aimer et le monde m’aimera !
Spéciales ces grandes affirmations. Concrètement ça donne quoi ?
Concrètement, dans ma vie de maîtresse, je me rends compte que c’est en donnant l’exemple que j’inspire mes élèves.
Concrètement, je comprends qu’une personne extérieure à moi-même sera apte à m’aimer quand je lui monterai l’amour que je me porte à moi-même et qui m’est légitime.
C’est en me donnant de la valeur, que j’aiderai les autres à voir en quoi je suis spéciale, que je leur permettrai de rester après m’avoir rencontrée.
Toi, aimerais-tu une personne qui se dénigre en permanence, qui ne prend pas soin d’elle, qui ne te montre pas la beauté de son âme ?
Sois sincère …
Sincèrement, je crois que j’aurais de la peine pour elle et aussi du mal à lui donner mon amour …
L’amour ne se mérite pas mais il se nourrit de belles choses et même si la vision de la beauté est subjective, elle a des fondements …
Des fondements qui ne sont pas impossibles à établir. Que nous avons en nous, que tu as et que j’ai. Qu’il a, qu’elle a, que tout un chacun a.
En étant simplement moi-même. En essayant peut-être aussi de me poser moins de questions. En acceptant ma place, parce que personne ne décide quoique ce soit, moi comme eux, je rayonnerais, je m’aimerais et m’approprierais les compliments.
Pourquoi moi ? Et pourquoi pas ? En effet, il n’y a rien à prouver, à incarner, aucun schéma à respecter pour être spéciale dans le bon sens du terme. Il y a juste à être, en se respectant.
Cesser de me comparer : pourquoi moi et pas elle ?
Cesser de faire des suppositions sur ma légitimité : s’il rencontrait ma copine, il irait avec elle. Si cet enfant était né à ma place, mes parents seraient davantage fiers et heureux.
Cesser de me mettre en parenthèses.
Et si plutôt je suivais la voie qu’Ambre a pré-tracée pour moi : je suis une maîtresse gentille et une personne spéciale.
Et je vais essayer de voir cette spécificité en moi, peut-être même de l’aimer.
D’autres ainsi la verraient à leur tour …
D’autres peut-être prendraient le risque de faire de moi leur dernière ?
Spéciale cette Marine et tous ses textes !
Marine Sch.



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