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Voyage en Égypte + Chapitre 53




Il y a des voyages qu’on n’oublie pas. Si voyage on peut oublier un jour ...


Il y a des années, après le brevet, je suis partie avec ma maman en Égypte. Nous devions rejoindre au Caire un groupe de personnes et leur guide mais nous nous sommes finalement retrouvées toutes les deux.


A cette époque, j’étais pleine d’insouciance et d’idéaux. Je n’avais pas une confiance extrême en moi mais suffisamment pour vivre ma vie comme j’en avais envie et être heureuse quand les occasions me le permettaient.


J’ai ainsi passé de très belles vacances avec ma mère et je ne me souviens pas qu’il y ait eu entre nous la moindre tension ou gêne.


C’était la belle époque. Car alors nous ne souffrions pas l’une à cause de l’autre. Nous étions dans le partage. Le partage du bonheur.


Nous étions véritablement en vacances : c’est-à-dire physiquement et mentalement. Pas de contrôle, pas de peur, juste de la joie, celle de se retrouver à deux et ce dans un pays exotique.


Nous nous sommes baladées, ma maman et moi, dans les souks, au pied des pyramides et à dos de chameau. Nous nous sommes aussi baignées dans des piscines d’hôtel et même de péniches fluviales. Nous avons parlé, rigolé. Nous avons passé des vacances inoubliables et même si aujourd’hui, la relation n’est plus aussi simple que quand j’avais 15 ans, elle m’est tout aussi chère. Il ne faut pas que tu l’oublies, maman.


Notre relation m’est précieuse notamment car je me rappelle et aime me rappeler tout ce que nous avons vécu ensemble. Car oui , maman, j’ai été heureuse grâce à toi, avec toi. Et j’ose croire que toi aussi.


Même si aujourd’hui, nous avons pris de la distance l’une par rapport à l’autre, je sais qu’un jour nous retrouverons ce bien-être naturel d’être là, l’une à côté de l’autre. Je le sais car nous sommes plus fortes que des mots qui ont été dits sous le coup de la douleur. Nous sommes une mère pour l’une et une fille pour l’autre et cela ne disparaît pas, jamais.


Le pardon, l’amour inconditionnel existent. Pour nous aussi.


Même si se retrouver prend du temps et fait mal, sache que tu restes la femme que j’aime le plus sur Terre. Celle à qui je pense au quotidien et j’espère que tu en fais de même de ton côté avec ta Marine.


Une maman, on n’en a qu’une. Et les aléas de nos parcours respectifs ne pourront jamais briser ce lien que nous avons toutes les deux. Il demeure au fond de nous, au fond de toi. Moi, j’en prends soin : chaque jour, je lui promets de faire un nouveau pas vers lui.


Notre complexité naturelle, notre admiration mutuelle, notre soutien intemporel, notre amour éternel sont intacts, maman. On a seulement besoin de leur trouver une juste place dans le mouvement de nos vies.


Un mouvement qui évolue car je grandis, car j’ai mon caractère et suis loin d’être facile à cerner.


La petite fille du voyage en Égypte s’est cherchée, peut-être qu’elle se cherche encore. Mais elle arrive au terme de son cheminement, à maturité.


Elle a galéré à se trouver une place au sein de la société, parmi les autres qui ne sont pas sa maman et son papa. Elle n’a pas su tout garder pour elle et à partager ses errances. Elle n’a pas voulu faire mal, elle cherchait de l’aide pour se réaliser au mieux.


Ça n’a pas été facile, pour toi non plus de me voir faire des faux pas mais c’était nécessaire. Il fallait que ta fille s’accepte, qu’elle autorise le monde à ne pas tourner toujours aussi bien qu’elle l’imaginait. Elle a souffert à cause de ses rêves et versé beaucoup de larmes mais au fond d’elle, elle est restée la même : une fille au coeur ouvert aux autres qui a envie de vivre mais aussi de partager sa vie avec ceux qu’elle aime. Avec toi.


Nous sommes parties en Égypte ensemble, maman, il y a environ 14 ans et c’est pour moi un magnifique souvenir. Parmi d’autres.


Ce qu’il faut que tu saches à présent, c’est qu’il y en aura encore d’autres. J’ai confiance en nous. Notre amour triomphera sur nos peines. Nous nous retrouverons avec nos blessures mais surtout avec nos souvenirs et la perspective d’en réaliser de nouveaux. Nous nous reverrons grâce à notre amour et nous aurons de nouveau envie de profiter l’une de l’autre, de cette relation unique et merveilleuse que seule une mère et sa fille peuvent avoir.


Je t’aime, maman, et tu me manques.


Marine Sch.


Mise en voix du chapitre 53 de « Cet été-là » :

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