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Qui s'y frotte, s'y pique !-Épisode 3

Voici la suite de cette histoire que je m'amuse à vous raconter sous la forme d'épisodes et qui concerne une maîtresse de CM2 (moi) et un animateur de centre de loisir (P.).


Plus qu'une histoire, il s'agit de la réalité. Enfin de la réalité, telle que je l'ai vue ... Telle que j'ai voulu la voir, après que le jeune homme en question a eu le malheur de me faire deux petits compliments ....


Nous sommes mardi. Hier, P. m'a tenu la porte; aujourd'hui, je n'ai pas cette chance. En effet, quand je veux entrer sous le préau de l'école les bras chargés de mon plateau de cantine, je suis obligée de me débrouiller seule ...

J'ai frôlé la catastrophe mais, au final, j'ai réussi à ne rien renverser et à éviter les moqueries des élèves présents. Qui a dit que les femmes avaient besoin d'un homme ?


Je me sens alors un petit peu énervée contre P. et la place qu'il prend malgré moi dans mon esprit – dans mon cœur ?

D'ailleurs, s'il n'est pas là quand je passe, où est-il ?

À quoi sert-il ?


Je me calme mais c'est vrai ça : pourquoi je ne le vois pas ? Si je ne le vois pas, alors il ne me voit pas, avec ma jupe et mon collant noir, qui me donne l'impression d'être grande et sexy ... Ça ne va pas du tout ! Où est-il !



Où est-il ? Je n'ai pas regardé vers les cages de foot – grave erreur : il est là-bas, au milieu des enfants.

Je suis contente pour lui : il joue tout en travaillant mais ne peut-il pas aussi tourner les yeux vers moi ? Mieux encore venir me parler ? C'est pourtant aux garçons normalement de prendre les devants – oui, je me sers des stéréotypes quand ça m'arrange ... Mais quand même : c'est lui qui a commencé à aller vers moi, ne devrait-il pas, à présent, donner un sens à son approche ? J'aimerais bien savoir ce qu'il me veut, ce qu'il attend de moi !


En tous cas, s'il joue avec mes sentiments, je n'apprécie pas du tout. Car, pendant ce temps, moi, dans mon cerveau, ça fume – et dans mon cœur, ça explose ! J'ai mal.


Dans le doute, je devrais me ressaisir, passer à autre chose mais c'est plus facile à dire qu'à faire ... Je me demande plutôt quel âge il a.

J'aurais dit trente ans : il a beau s'habiller jeune, il n'a pas la démarche d'un bachelier. Je m'intéresserais donc à un homme plus âgé que moi ? Ça pose problème ? À moi, un petit peu, je le reconnais ... En fait, je crois que cela m'intimide autant que ça m'attire.


Je ne fais pas très vieille physiquement, à peine vingt ans, alors je me demande comment je peux lui plaire. Je dois vraiment n'être qu'un jeu pour lui : la petite nouvelle à séduire. Il ne se projette pas. Alors moi non plus !


Mercredi, je multiplie les occupations pour ne pas penser au séducteur professionnel de mon école. Le soir, je regarde même une comédie musicale dans laquelle joue le sosie de Zac Effron - objectivement un bel acteur - pour m'endormir avec l'image d'un autre homme en tête. Le stratagème semble fonctionner : j'ai bien dormi, je me réveille pleine d'énergie pour travailler avec mes loulous ! En amour, je ne serai donc pas fidèle ? Eh bien, tant mieux !


Ce matin, il ne fait pas très chaud mais je mets quand même un liggings. Pour plaire à qui ? À moi, tout simplement, que croyez-vous ! Par contre, si j'attrape froid, je ne sais pas si mon corps me remerciera pour mes effets de style. En plus, le médecin risque de me mettre en arrêt maladie … Cela m'obligera à rater l'école et donc à ne pas voir P. pendant toute une journée, en plus du mercredi et du week-end ! Quel supplice ! Je dois revoir à tout prix mon code vestimentaire !


En y repensant, je constate que c'est depuis que je m'apprête pendant plus de quinze minutes le matin avant de partir travailler, que je n'ai plus de compliment de la part de P. ... Depuis que je crois avoir un certain effet sur lui, il ne me dit plus rien ... Comme si ma prise de conscience avait tué toute ma beauté ... C'était donc la Marine d'avant, simple et innocente, qu'il aime ?


À peine arrivée devant mes élèves – enfin à peine arrivée là où mes élèves sont censés m'attendre – je suis décidée à me rhabiller dès le lendemain en moins de cinq minutes. Ainsi - vivent les paradoxes - je redeviendrai séduisante et P. retrouvera sa langue ! Je serai séductrice à ma manière et je suis désolée, ce n'est pas faute d'avoir essayé, mais cela ne s'explique pas !


Vendredi, je souris, je vois déjà les compliments fuser autour de moi : je suis en jean et pull noir. J'en suis certaine : notre histoire va retrouver son rythme initial, à la fois mystérieux et prometteur. Elle va même peut-être passer à la vitesse supérieure : le verre à la maison ? le bisou ? le dialogue ?


Soit dit-en passant, j'ai mis aussi mes baskets achetées dans la folle perspective d'un jour aller courir; en effet, ainsi, si le ballon finit dans mes pieds, je pourrais dribbler tous les garçons qui me feraient obstacle et arriver devant les buts pour tirer le shoot de l'année sous le regard admiratif de P. !

Oui, dans mes rêves, tant qu'à faire, je me dote de talents incroyables ...


Une fois remis de sa surprise, l'animateur des CM2 m'acclamerait, viendrait vers moi pour me féliciter et me porter dans ses bras devant tous les regards admiratifs ou envieux de mes élèves et collègues.


Bon, autrement dit, je me suis habillée comme il y a une semaine, avant que toute cette histoire commence. Et … Et P. n'est pas là.


Mais pas là du tout, hein ! J'ai beau lever les yeux, chercher dans le bureau des animateurs et dans le potager de l'école, P.est absent et mon cœur saigne – oui, cette dernière expression accentue le côté fleur bleue de mon écrit mais, à ce moment-là, je saigne vraiment ... Comme s'il m'avait planté une flèche dans le coeur. Pour me tuer ! Parce qu'il en aime une autre et que ma vue réveille en lui des désirs qu'il ne devrait plus ressentir ?


Flèche ou non, j'ai mal car P. n'est pas là. Car, malgré mes efforts, trois jours sans voir P. se profilent tout de même à l'horizon, et ça va être dur.


Au lieu de me lamenter sur mon sort, je pourrais m'inquiéter : et s'il était mort ?

Ou, pour être moins cruelle – même s'il me fait souffrir et ne mérite, par conséquent, pas vraiment mieux – s'il avait eu un accident et était dans le coma ?

Vous voulez quelque chose d'encore moins méchant ?

Bon, je vais essayer, je vais même faire mieux : je vais être crédible. Et s'il avait le covid ?


Dans tous les cas, ce sont des cauchemars sur le thème "L'absence de P. dans ma vie" qui vont peupler mes prochaines nuits …


Femme déterminée et tout sourit ? Tu parles, je me remets en question pour lui plaire et lui, qu'est-ce qu'il fait ? Il disparaît.


Il a intérêt à se faire pardonner à son retour.

Il pourrait par exemple me dire que je lui ai énormément manqué ! Qu'il ne peut plus vivre un jour sans moi ! Que je dois emménager chez lui le plus tôt possible - à condition que Lycka puisse venir (non : je ne perds pas complètement le sens des réalités) ! Que je suis la femme de sa vie, quoi !


Qu'en sera-t-il en vrai ? S'il revient ...

Marine Sch.






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