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Nouvelle leçon en sciences

« Nouvelle leçon en sciences », à croire que je n’ai pas beaucoup travaillé cette matière pendant l’année …


Ce n’est pas faux : j’ai mis l’accent sur le français, les maths et l’histoire. Maintenant qu’il me reste quelques heures de cours, j’en profite pour aller au bout du bout; ainsi, après l’alimentation, il me reste cette après-midi à aborder deux questions : qu’est-ce que la puberté ? Et comment fait-on un bébé ?


Deux questions seulement mais pas des moindres. En effet, elles sont importantes pour le développement de mes élèves et elles ne sont pas évidentes à traiter. En tous cas, moi, je vous le confie, je suis stressée depuis que j’ai prévu mes séances d’enseignement à leur sujet.


J’ai mes diapos, mes fiches de travail, ma ligne directrice à suivre étape par étape pour arriver à la trace écrite, mais cela ne

m’empêche pas d’être stressée.


Je n’imagine pas de scénario catastrophique ou idéal, j’ai un objectif et je vais tout faire pour l’atteindre : pour que les enfants repartent avec les schémas et le vocabulaire des leçons, mais j’appréhende leurs réactions … Vont-ils pousser des cris de dégoût en voyant des représentations schématiques des appareils reproducteurs féminin et masculin ?


Je risque d’être déstabilisée si en plus de mon discours je dois être vigilante à la discipline … Il faut dire que je ne suis pas moi-même très à l’aise avec ces problématiques. Ça relève quand même de l’intimité. Même si c’est essentiel et que je ferai de mon mieux pour que mes CM2 aient les connaissances préconisées par les programmes, ça ne va pas être une partie de plaisir ni pour eux ni pour moi …


Ça va être différent par exemple de la séance que nous avons vécue hier et que j’ai adorée …


Cela me fait étrange de le dire ça car le chapitre travaillé était loin d’être réjouissant mais j’étais plutôt contente de nous une fois la journée terminée.


Déjà, j’ai été fière de ma manière de présenter les choses. Mon objectif était de creuser un petit peu plus le sujet des camps d’extermination mis en place par le régime nazi … Considérant ces savoirs comme un apport supplémentaire vu l’âge de mon public, j’ai proposé aux élèves qui craignaient de ne pas se sentir bien de ne pas rester dans ma classe le temps de la leçon. Je leur ai dit que nous verrons des images difficiles avec des gens maigres, maltraités voire morts. Deux jeunes filles se sont désignées volontaires pour partir et cela ne m’a pas semblé être une mise en scène de leur part : elles s’étaient déjà montré sensibles dans le passé par certains contenus. Ainsi j’ai été contente de la précaution que j’avais prise avant de débuter le cours.


Le retour des élèves m’a ensuite plu.

Avec ceux qui sont restés, j’ai commencé à raconter ce qui s’est passé dès 1941, notamment à Auschwitz …


Mes élèves étaient attentifs, ce qui m’a permis d’être vraiment dans mon sujet et donc de laisser l’émotion me gagner. Je faisais attention à ne pas entrer trop dans les détails, tout en étant transparente avec eux.


Rassurée par leur sérieux et aussi leur humanité, je me suis petit à petit détachée de mes mots pour mieux observer les visages en face de moi. Quelques bouches ouvertes, sinon des lèvres serrées. Tous avec des yeux grands ouverts, pour ne pas dire choqués.


Ce n’était pas un sujet joyeux mais puisqu’ils se sentaient prêts à recevoir ce genre de savoir, j’ai été « contente » de montrer à mes élèves l’inhumanité dont certains humains sont capables. Pour éviter que ça se reproduise !


Ensemble, maîtresse et élèves, nous avons donc parlé des camps de la mort et de la solution finale (qui suppose à l’origine un problème …) mais aussi des collaborateurs français (le monde n’est pas noir ou blanc, la France non plus …), puis des procès de Nuremberg et de la création de l’ONU.


Une nouvelle fois nous en sommes venus à nous questionner sur le présent … J’adore !


J’adore même si je ne me sens pas légitime pour aborder tous les sujets : ces deniers  temps, je n’allume plus la radio, j’ai besoin de calme et d’évasion une fois l’école terminée …


J’essaie malgré tout de nourrir les réflexions des enfants devant moi. Pourquoi l’Ukraine ne fait-elle pas encore partie de l’ONU ? Quels sont donc les critères d’adhésion à une telle organisation ? Son dossier est en examen mais n’est-ce pas trop tard maintenant qu’une guerre contre la Russie a lieu ?


J’ai trouvé ça « amusant » de constater que mes 10-11 ans n’avaient jamais entendu parler du Brexit. A un moment, j’ai eu un doute : est-ce qu’un tel événement date de plus longtemps que je le pense ? Le temps passe vite … mais à ce point ?


Non quand même pas : le Brexit date de 2020, ils ont forcément déjà entendu ce mot. Pourtant le silence règne, aucun élève n’a une idée, même mes deux Noa ne lèvent pas la main.


Alors je tente tant bien que mal de dire ce que j’ai retenu de cette rupture européenne, qui a été longue et source de nombreux désaccords. Mes élèves trouvent ça dommage : ne dit-on pas que l’union fait la force ?!


Je me dois d’être impartiale mais je souris intérieurement. Ces nouveaux échanges nourrissent mes espoirs en un monde meilleur grâce aux nouvelles générations. Grâce à ces jeunes qui s’indignent plus facilement. En mal mais aussi en bien. Surtout en bien ? Moi, j’y crois. Je crois en des femmes et des hommes qui ont à cœur (grâce à leur éducation ?) de défendre la planète, les valeurs humanistes, leur avenir …




Marine Sch.

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