Lundi 3 janvier 2022

En ce lundi 3 janvier 2022, en ce premier jour de rentrée 2022, je partage avec vous cette photo de Steve McCurry découverte hier, lorsque je suis allée voir l’exposition au musée Maillol qui présente au public français son œuvre.

Beaucoup de photographies m’ont plu voire touchée lors de cette visite, réalisée une nouvelle fois sur un coup de tête, mais celle-ci me fait carrément vibrer …

Sûrement parce qu’elle atteint au fond de moi une de mes cordes passionnelles : celle de l’enseignement.

J’apprécie ainsi de deviner chez ces enfants qui habitent à l’autre bout de notre monde et connaissent la guerre et la pauvreté l’envie d’apprendre. Ils semblent écouter leur professeur avec avidité, avec l’espoir qu’ils détiendront ensuite les clés de la réussite ou au moins quelques compétences qui leur permettront à terme d’aspirer, et non plus seulement de rêver, à autre chose.

J’aime voir ces garçons studieux, même si derrière l’inégalité qui existe entre les hommes et les femmes en Afghanistan est flagrante.

Cette photo nourrit alors en moi, en plus de la compassion, un sentiment de révolte. Le désir de faire plus, d’agir à grande échelle.

Mais avant de prétendre sauver le monde, je reconnais que vivre l’instant que le photographe a immortalisé avec mes propres élèves me comblerait déjà de bonheur, de fierté.

C’est le regard de l’enfant au premier plan qui me bouleverse vraiment. Il a compris les explications, il va pouvoir faire seul maintenant. Une étape sur le chemin du savoir, de l’autonomie, de la réalisation de soi vient d’être franchie ou est sur le point de l’être. L’école a rempli sa fonction ou plutôt le maître ou la maîtresse qu’il regarde avec autant d’intérêt a accompli sa mission : il/elle a transmis une part de ce qu’il/elle possédait. C’est beau !

Et qu’est-ce que j’aimerais me retrouver dans une telle situation : aider chaque élève que je rencontre à s’épanouir !

Je suis heureuse en regardant cette photo pour l’enfant, celui qui instruit et notre monde qui j’ose croire va vers de meilleurs lendemains quand ses citoyens jouissent d’un véritable accomplissement d’eux-mêmes.

Partagez-vous ce bonheur ?

Je regarde cette photo encore et encore. Non pas que je ne suis pas motivée à retourner à l’école et à retrouver mes élèves mais elle m’apporte un petit plus quand même : elle me rappelle ma place, mon utilité.

Vous savez ce besoin que j’ai d’être légitime … et bien cette salle de classe dans un pays tristement célèbre pour ses conflits et ses enfants armés dès leur plus jeune âge, quand je la contemple, elle me rend plus déterminée que jamais.

Le système solaire, le futur de l’indicatif et les calculs de durées peuvent se révéler difficiles pour certains de mes élèves, nous les assimilerons ensemble ! Nous les travaillerons autant de fois que nécessaire ! Je redoublerai d’efforts encore et encore.

Je me suis toujours donné à fond, 2022 ne fera pas exception.

Cette photo m’anime car tout simplement elle illustre mon souhait en tant qu’enseignante de poursuivre ce magnifique travail qui consiste (je paraphrase Dietrich Bonhoeffer) à construire la valeur de notre société en donnant le meilleur de nous-mêmes pour nos enfants …

Marine Sch.