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Leçon : Comment manger équilibré ?

Aujourd’hui, j’ai appris à mes élèves comment manger équilibré.

Sujet non évident pour une maitresse qui souffre de TCA … mais à l’école, je vais bien ! Je me sens forte, j’arrive à laisser mes soucis personnels devant le portail.


A l’école, je veux être utile, je veux être inspirante. Pas exemplaire car je reconnais devant les élèves faire des erreurs de frappe dans leurs exercices ou même dans mes corrections. Mais je veux être quelqu’un aussi sain que possible d’esprit.


Alors j’apprends en science, dans le chapitre sur l’alimentation, aux enfants que manger est indispensable pour vivre. Que chaque aliment remplit un rôle, que ce soit celui de bâtisseur, de protecteur ou d’énergique.


Devant leur intérêt, je vais jusqu’à expliquer que manger des aliments gras est nécessaire car source de lipides et de glucides qui en petite quantité ont eux aussi donc des éléments nutritifs que nos muscles et nos organes utilisent pour bien fonctionner.


Je répète à mes élèves que tout est en fait une question de quantité. Et que c’est uniquement quand on a un surplu que l’on grossit, qu’on a un petit peu de ventre, des bourrelets pour aller droit au but comme ils aiment le faire.


-Si on écoute ses besoins et y répond sans excès, il n’y a pas de raison pour que le corps fasse des stocks, résume Shonone.


-Le corps se contente d’utiliser ce dont il a besoin et pour cela, il prend parmi ce qu’on lui donne, ajoute Swan.


Je souris : j’arrive à transmettre mes connaissances. Il ne nous reste plus que la trace écrite à compléter.


Je suis contente et en même temps, au fond de moi, une petite boule se crée. Pourquoi hors de l’école tous ces savoirs me font défaut ?

Pourquoi pendant des années, je n’ai pas réussi à nourrir mon corps comme il en a besoin ? Pourquoi est-ce que je me suis racontée des histoires que je savais fausses ?

En effet, ce que je dis aux enfants, je n’ai pas eu besoin de le lire, de le réviser : je le savais. Parce que moi aussi avant eux j’ai été à l’école et j’ai eu des cours sur l’importance de repas sains et variés.


Comment la maladie peut-elle être aussi forte, au point de nous empêcher de suivre une vérité scientifique que l’on comprend, que l’on accepte et même encourage chez les autres ?

Parce qu’à cette période de notre vie, on ne s’aime pas. On n’a pas confiance en soi. On manque d’amour propre et ne veut pas sciemment se faire du bien, se faire plaisir, prendre soin de soi.


Triste réalité dont je ne suis pas fière. Je me sens presque hypocrite pas rapport à mes élèves, à force de ne pas savoir appliquer mes propres leçons.


Mais l’impermanence guide le monde. Tout comme Rayan qui n’a rien écouté, je ne suis pas pour autant une cause perdue. Les chose députent évoluer. La leçon finira par être maîtrisée. Nous cocherons alors tous les deux le « atteint » du livret scolaire !


Je me rappelle être allée jusqu’à annoncer aux enfants que manger en plus de nous maintenir en forme nous permet de nous donner du plaisir, chose tout aussi importante à prendre en compte que nos besoins de faim. Plaisir de partager une glace avec ses amis, d’aller au restaurant italien et de choisir des pâtes à la carbonara. Plaisir de cuisiner un gâteau au chocolat et de s’en couper une part à la manière d’Obélix, de découvrir les bonbons Harry Potter au goût de vomi (promis maitresse, on n’a pas fait exprès !).


Oui, parfois notre corps va faire quelques réserves parce qu’on a bien profité, parce qu’on s’est fait plaisir plus que ce qu’on avait besoin. Et alors ?


Et alors, rien. C’est bien : on a passé un bon moment et on a même gardé des souvenirs pour prolonger le plaisir !


Et alors, rien. Car rien n’est permanent, si on veut, il existe des solutions : ces petits bouts de nous en plus, on peut avec quelques efforts, les faire disparaître. Un petit saut dans la piscine, quelques longueurs et le tour est joué !


Rien de dramatique ne peut se passer quand on mange. Quand on vit. Quand on a la chance de pouvoir manger à sa faim voire plus. Quand on décide de dire Fuck à cette illusion que notre valeur dépend de notre paraître.


Rien n’est dramatique : le monde ne s’arrête pas de tourner pour des fesses plus rebondies et des cuisses plus larges. Au contraire, on est plus énergique, plus heureux, plus ouvert à la vie, on rayonne, au point que nos rayons caressent les autres et les invitent à se faire eux aussi plaisir.


Manger, s’autoriser à manger, se donner soi-même du plaisir à travers la nourriture (ou même autre chose !), c’est reprendre ses droits, sa liberté, reconquérir son amour-propre mis à mal par une société capitaliste.


Se nourrir comme on l’entend, comme on le sent, c’est être puissant car non enfermé dans des peurs imposées par l’extérieur. Par des campagnes publicitaires où les femmes sont parfaitement irréelles. Ou en tous cas en lesquelles la majorité du genre féminin n’est pas en mesure de s’identifier. Car nous sommes naturellement différentes les unes des autres.


Bon, je dis fuck aux régimes mais les enfants vous l’avez compris, votre maîtresse, ce n’est pas un modèle à suivre à la lettre (on ne répète pas les gros mots !).

Dans ses cours, vous apprenez ainsi aussi à vous faire votre propre avis : à sélectionner ce qui est bon et ce qui l’est moins. Nous grandissons ensemble.





Marine Sch.

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