Les lutins et les trolls
- Marine Sch.
- 24 mai 2022
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 juil. 2022
J’adore la gardienne de mon immeuble, Julia qu’elle s’appelle. Elle a toujours des images amusantes à me partager pour me redonner foi en la vie !
Des fois ça m’énerve quand elle me dit qu’il ne faut pas chercher comme je le fais la perfection. Que ça n’existe pas, les gens parfaits, et donc que je me trompe d’objectif.
Et puis d’autres fois, je prends le temps de l’écouter et de croire en ce qu’elle me dit. Ces jours-là, je suis moins triste et donc plus réceptive.
Ce matin, par exemple, nous parlions toutes les deux de ce qu’il y a dans ma tête et qui trop souvent me fait perdre mes moyens.
Je lui annonce que j’ai décidé de me soigner, à coups de médicaments et elle grimace aussitôt. Cette idée ne lui plaît pas. Elle me le dit franchement. Elle me rappelle que je suis sa petite lionne ! Et qu’une lionne, ça se bat. Jusqu’au bout. Jusqu’au bout du bout.
Dans le fond, je suis d’accord avec la gardienne de mon immeuble et ne demande pas mieux que de rester guerrière de la tête aux pieds, à l’extérieur comme à l’intérieur. Mais ce n’est pas si simple.
Moi aussi, je n’aime pas ma nouvelle manière de faire, sinon je l’aurais tentée dès le début, dès que j’ai ressenti en moi une perte anormale d’énergie, de joie de vivre.
Cependant, à force de voir les années s’accumuler, à force d’avoir essayé en vain mille et une autres solutions, j’ai fini par perdre confiance en moi, à me reconnaître des faiblesses insurmontables et donc à m’ouvrir à d’autres voies de guérison.
Suis-je malade ? En tous cas, je pense trop. C’est étonnant de présenter cela comme un mal, pourtant c’est la vérité. Il y a une telle agitation dans ma tête, que je peux perdre le contrôle de mon être et en souffrir terriblement. Je deviens alors victime de mon propre cerveau.
Mon esprit m’invente des problèmes, des soucis, des douleurs. Comme quoi avoir de l’imagination, ça n’est pas toujours un cadeau !
En fait, ça l’est, quand on sait en faire bon usage ! Comme Julia ! Ma gardienne, pour m’aider, a ainsi inventé deux catégories de petits êtres qui me font rire et auxquels je vais volontiers repenser à chaque fois que j’aurai un coup de mou. Ils sont les hôtes de mon cortex cérébral et se composent de lutins gentils, parfois farceurs mais jamais avec de méchantes intentions.
Et puis, il y a les trolls, ceux qui m’envahissent de plus en plus au fil des ans, qui chassent les petits lutins et me font vriller.
Julia raconte que mes lutins n’arrivent plus à vivre normalement - pour moi, ils survivent carrément ! Ils ne sont plus qu’une dizaine et se cachent pour ne pas être décimés par l’armée toujours plus puissante et abondante de trolls.
Les médicaments que je prends sont alors la potion magique que j’offre aux lutins pour qu’ils retrouvent la force de se battre ! Julia secoue la tête, elle n’adhère toujours mais ne dit rien. J’en profite pour lui demander d’où viennent ces trolls. Ce n’est pas la question ! Ils sont là où ils ne devraient pas être, c’est la seule chose à savoir. A mon tour, je me tais, j’accepte le constat.
Je reconnais que cette histoire de trolls et de lutins est mignonne même s’ils se disputent, même si je ne sais pas comment aider mes petits protégés avec autre chose qu’un remède médicamenteux.
Il faut mener l’ultime bataille, reprend Julia.
Entendu mais comment ? Je me sens démunie : les méchants de son conte m’ont tout pris. Je n’ai plus de munition. Et puis où iront-ils ensuite ? Embêter d’autres humains ? Il n’en est pas question.
Peu importe ! Je réfléchis trop. Je dois me contenter de choisir ma team une bonne fois pour toutes et d’assurer son bonheur. Je suis une lionne dans l’âme, je vais retrouver un regain d’énergie et mettre le point final à une guerre intérieure qui n’aurait jamais dû commencer !
Ma précieuse confidente a confiance en moi, bien plus que je crois en moi …
Même si je n’ai pas de solutions concrètes, je dois reconnaître que parler avec elle me redonne l’envie de me battre ! De réveiller encore une fois le félin qu’elle a dès le premier jour imaginé à travers moi …
Alors, c’est reparti ?!
Marine Sch.





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