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"Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait"



Voici un film, que je n'ai pas, tout de suite, sélectionné, lors de sa sortie, mais que je ne regrette pas, aujourd'hui, d'avoir vu … En effet, même s'il dure deux heures et n'est pas à proprement parlé une comédie pour se divertir, c'est une oeuvre cinématographique, que j'ai jugé intéressante à découvrir, pour deux raisons.


La première concerne les dialogues : je les ai trouvés à la fois très bien écrits et très bien joués. Beaucoup de phrases portent sur le sens ou, justement, le non-sens de la vie et font réfléchir les spectateurs, tout au long du film. Soit dit-en passant, le rythme de ce dernier est assez lent mais sans déséquilibre. Chaque échange entre les personnages est travaillé (attention, les cinéphiles, ce n'est quand même pas du Jacques Prévert !), même les silences de l'anti-héros sont riches de sous-entendus. Je parle d'anti-héros, car plus on découvre la vie du personnage principal moins on a envie de vivre la même.


Le second aspect majeur à souligner dans ce film, selon moi, est le thème abordé : l'amour. Un sujet récurrent, qui fait de cette œuvre une comédie romantique, mais aussi philosophique, car deux questions sont posées : Qu'est ce que l'amour ? et Comment vit-on l'amour ? Je ne pense pas qu'il y ait une et une seule réponse à ce genre d'interrogations existentielles, seulement des interprétations et « Les choses que l'on dit, les choses que l'on fait » tente d'en donner une, voire plusieurs en même temps, car chaque personnage à travers ses expériences, ne vit pas et donc ne pense pas pareillement l'amour.


Évidemment, comme j'aime parler de moi, quand j'aborde un sujet, je vais, ici, m'amuser à vous raconter ma vision de l'amour … à travers mon vécu. Pour commencer, sachez, que je me retrouve un peu dans Maxime (Maxime ! Il fallait que justement ce soit ce prénom que porte le personnage central …), lorsqu'il se demande s'il a déjà vraiment été amoureux.


En effet, le sentiment d'amour est si difficile à définir, qu'on a du mal, sur le moment, à savoir si ce que l'on vit s'y réfère ou non … Vous ne croyez pas ? Moi, je trouve que si. D'ailleurs, c'est qu'une fois mon Maxime parti (oui, le premier garçon pour lequel j'ai ressenti des sentiments forts s'appelle Maxime … vive la coïncidence) que je me suis décrétée amoureuse de lui !

L'aimais-je réellement ?

Mes actes envers lui étaient-ils emprunts d'un amour sincère ?

Là sont toutes les questions ! Mais à quoi bon se les poser, une fois la relation à jamais terminée ? Chercher des réponses n'aide pas à avancer. Au contraire, cela crée du regret, des attentes pour les relations à venir et des déceptions.


Maxime, je l'ai rencontré lorsque j'avais seize ans. J'étais en première S et lui dans la filière STG.

Nous n'étions donc ni dans la même classe ni dans le même genre d'étude. À mes yeux, il incarnait le copain idéal, celui qui s'invitait, la nuit, dans mes rêves : le « mauvais » garçon, aux cheveux blonds et aux yeux bleus. Celui qui va tomber amoureux, à la surprise générale, de la fille sage et discrète. En l'occurence, moi. Car oui, il fut un temps, où j'étais une adolescente sage et discrète !


Dès le début donc, j'ai aimé l'image que Maxime et moi donnions lorsque nous étions ensemble.

Mon rêve se réalisait ! Ensuite, j'ai appris à aimer ses caresses, ses bisous, son envie de passer son temps libre avec moi, ses paroles aussi … Je me suis donc attachée au jeune homme que je découvrais, de telle sorte que pendant un an nous avons vécu notre idylle amoureuse. Après … après, il y a eu la pression du bac. Le fait qu'on soit séparé, la journée, chacun fréquentant un établissement d'études supérieures différent. Et enfin, des soucis personnels de mon côté, qui ont petit à petit pris de plus en plus d'importance et de place dans ma vie. Ainsi, notre couple s'est effrité : les sorties ont été de moins en moins nombreuses, et les incompréhensions se multipliaient.


La fin, vous la devinez : l'un part, l'autre reste. J'étais l'autre. J'étais celle que je n'avais jamais été dans mes précédentes relations. Celle qui pleure. Pleurai-je, alors, l'absence de Maxime à mes côtés ou bien cette période, que j'avais voulu vivre et que j'avais eu la chance de vivre ? Je ne sais pas. C'était sûrement un tout. De toute façon, les bonnes choses doivent avoir une fin, sinon elles ne peuvent pas être ressenties comme tel, n'est-ce pas ?


Aujourd'hui j'ai tourné la page, j'ai fait de nouvelles rencontres … Mais, ce serait mentir que de dire que je n'oublierai jamais ce garçon, mon « Petit Prince », comme j'aimais l'appeler en réponse à sa « Princesse ». L'aimais-je pour autant ? Je ne peux m'empêcher de me le demander. Peut-être, car pour le voir, j'ai menti à mère … Pour passer du temps avec lui, j'ai été moins sage … Pour profiter de ses caresses, j'ai été moins discrète … Pour être auprès de lui, j'ai refusé des sorties à mes amis. Pour lui plaire, j'ai intensifié ma pratique du sport … Pour lui faire plaisir enfin, j'ai renoncé à certains de mes principes.


Maxime m'a recontactée sur Facebook, il y a deux ans. Il m'a alors proposé de se voir : il était en couple, installé depuis un an avec sa copine à Lyon mais remontait sur Paris rendre visite à ses parents. J'ai hésité. J'avais peur, en fait, d'avoir mal en le revoyant, alors j'ai refusé. Pas mal, parce que je l'aimais encore, mais je n'étais pas prête à l'entendre me raconter sa vie d'homme amoureux. Je crois que j'avais besoin d'avoir quelque chose à lui répondre. Et ce n'était pas le cas à l'époque : j'étais de nouveau célibataire, avec encore des séquelles de mes soucis personnels post-bac.


Un esprit de vengeance chez moi ? Je ne pense pas, car mon intention n'était pas de lui faire regretter la fille qu'il avait rejetée autrefois. Je voulais simplement être à la même hauteur que lui, afin que nous nous retrouvions, comme à nos débuts, à égalité, dans nos vies respectives …


Pourquoi faire aussi compliqué ? Parce qu'a la fin de notre histoire, il y a eu un déséquilibre. Je ne vous ai pas tout dit.

En effet, quand j'ai écrit que notre couple s'était effrité petit à petit, j'ai enjolivé la réalité. En vérité,

il y eu une rupture, nette et brutale, entre Maxime et moi. Si j'ai pleuré, c'est parce qu'il est parti de lui-même, alors que je ne m'y attendais pas du tout. Une rupture, comme il y en a des centaines et dont on finit par se remettre, je sais. Mais ce n'est jamais amusant à vivre. Surtout que pour lui, s'il voulait mettre fin à notre couple, c'était parce que je n'étais plus assez drôle (en même temps, avec ce que je vivais à côté à la maison …) et parce qu'il voulait être de nouveau libre, comme ses deux meilleurs amis. Il m'a avoué d'ailleurs qu'il n'avait pas attendu que l'on casse (ou de me casser le cœur) pour sortir en boîte et s'amuser (et beaucoup s'amuser). Enfin, il a cessé de répondre à mes messages et mes mails. Donc pour revoir Maxou, on va attendre encore un petit peu, que Marine évolue dans sa vie ! Mais cela ne m'empêche pas de lui souhaiter d'être heureux avec sa copine !


Si le couple que j'ai formé avec Maxime avait été inséré dans le scénario du film d'aujourd'hui, le réalisateur ne se serait pas arrêté là ! Il aurait fait intervenir le hasard, de telle sorte que nous nous serions revus, malgré nous. Maxime m'aurait souri, je lui aurais souri. Nous nous serions parlés et alors là, deux versions auraient été possibles. Selon la première, nous devenons amants, pendant plusieurs mois, puis notre amour de jeunesse finit par l'emporter : Maxime rompt avec sa copine et nous nous remettons ensemble, nous avons deux enfants, Aurélie et Mathis, et mourons heureux et amoureux comme au premier jour (là, je suis allée un peu loin pour Emmanuel Mouret, le réalisateur : lui, pour le coup, il se serait arrêté à la remise en couple de Marine et Maxime, mais au moins, ainsi, vous avez la fin du rêve tel que nous l'avions imaginé).


Dans la deuxième version, nous nous contentons de nous donner des nouvelles puis repartons, chacun de notre côté : moi, célibataire, fidèle à moi-même et lui, avec sa copine enceinte sous le bras.


Le film met, en effet, en scène ce genre de schémas, à travers des couples, qui se font et se défont, et des personnages qui racontent leur histoire.


Daphné est le personnage central féminin, elle accueille Maxime à la place de son compagnon, François, qui l'a invité mais qui a été appelé, au dernier moment, pour un déplacement professionnel. Alors qu'elle lui fait visiter la région, le jeune homme commence à lui raconter sa dernière histoire d'amour. Puis il s'interrompt pour donner la parole à Daphné.


Ainsi, l'un après l'autre, Daphné et Maxime nourrissent leur récit. Une fois qu'ils ont terminé, le présent continue : les deux jeunes gens finissent par céder à leur attirance, juste avant que François rentre. Entre temps, à travers François, l'histoire de Daphné a évolué, en effet, François a été touché par la découverte qu'il a faite au sujet de son ex-femme : cette dernière l'a quitté, non pas pour un autre homme, mais parce qu'elle avait découvert sa liaison et voulait le laisser libre de la vivre pleinement. Maxime sait que François a revu son ex-femme, mais il ne dit rien à Daphné et remonte sur Paris. Le film se termine, quelques mois plus tard, avec des regards échangés entre Daphné et Maxime, alors qu'ils viennent de se recroiser, par hasard, chacun avec sa propre famille …


Comme le dit Daphné, avec le temps rien ne dure : on s'attache, on croit qu'on va mourir si l'autre part, et puis, finalement, on continue à avancer, car c'est ça la vie, marcher sans regarder en arrière.


Daphné est jouée par Camélia Jordana, je ne trouve pas l'actrice belle, mais, par contre, j'apprécie son timbre de voix, et je trouve qu'elle joue bien. Son personnage est attachant par la justesse de ses remarques, lorsque Maxime se confie. Par exemple, elle dit : « Les personnes intéressantes ne sont pas forcément celles qui prétendent l'être. C'est justement quand une personne ne se croit pas intéressante qu'elle l'est ... ».


Daphné est tombée amoureuse de son patron, mais, comme ce sentiment n'était pas partagé, elle est devenue malheureuse. C'est alors que François l'a invitée à boire un verre et en a fait son amante. Daphné ne voulait pas s'attacher à un homme marié, mais cela s'est fait tout seul, malgré elle. François allait quitter sa femme, quand celle-ci a pris les devants ! Daphné reconnaît que son histoire finit bien, elle demande alors pardon à Maxime, pour qui, ce n'est pas le cas.


Maxime est joué par Niels Schneider, c'est un jeune homme bien bâti, qui veut devenir écrivain. Malgré ses atouts, je n'ai pas été touchée par le personnage. Certes son prénom ne m'aide pas, mais, même avec Pierre ou Jacques, cela aurait été pareil ! En fait, je n'ai pas aimé Maxime, car je l'ai trouvé trop passif. Lui, il a aimé une fille, Sandra, mais cette fille, au lieu de l'aimer, est sortie avec son meilleur copain … Tous les trois, ils ont ensuite fait une colocation (Maxime le dit lui-même : il savait que c'était une mauvaise idée, mais il n'a pas réussi à refuser la proposition … Ce n'est pas très viril comme réaction, et moi, j'aime les hommes masculins !). Inévitablement, la situation s'est transformée en triangle amoureux, mais Maxime n'en est jamais sorti vainqueur. Il a toujours accepté les choses telles qu'elles venaient, sans contester, par des silences, et j'ai trouvé ça dommage, car personne ne mérite d'être traité ainsi.


C'est difficile, je trouve, de concevoir que celui qui prétend nous aimer puisse aller voir ailleurs : si tu m'aimes, c'est que tu es comblé auprès de moi, alors que vas-tu chercher que je ne puisse pas te donner  ? Du sexe ? Dans ce cas, ça voudrait dire que l'attirance n'est pas forcément liée à l'amour ?


Sandra, dans le film, défend cette vision : j'aime ton meilleur ami, mais cela ne m'empêche pas de prendre du plaisir en couchant avec toi ... Peut-être que pour celui qui vit la double relation, cela est concevable, mais pour celui qui reste fidèle, qui se satisfait de ce qu'il a, quand la vérité éclate, ça doit être beaucoup moins vivable ... C'était un petit peu ma position avec mon Maxime …


Mais je ne lui en veux pas, car, même si la situation que je vivais ne dépendait pas de moi, je reconnais que, vue de l'extérieur, je n'étais pas, à cette époque, en mesure de lui apporter la joie à laquelle tout adolescent aspire (moi comprise : moi aussi, j'avais envie de sourire et de rire, mais la vie en avait décidé autrement, en m'imposant quelques épreuves, avant, à affronter).


Aujourd'hui, par contre, c'est différent : je ne tolèrerai aucune tromperie. J'ai trop d'amour à donner pour qu'on me reproche quoique ce soit ! Messieurs, vous êtes prévenus : je suis un cœur à prendre, mais je ne me laisserai pas faire : j'ai eu le temps de développer mon caractère ! Oeil pour œil, dent pour dent !

Marine Sch.


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