L’autoroute
- Marine Sch.
- 23 déc. 2021
- 2 min de lecture
Il y a ces moments de pur bonheur. Que l’on connaît grâce à pas grand chose. Grâce à des valeurs que tout un chacun a au fond de soi.
Un mélange de simplicité et d’insouciance, un brin d’attention et d’acceptation.
Il y a ces moments que l’on chérit et il y en a d’autres …
Ceux qui nous tourmentent de l’intérieur et qui viennent notamment de notre besoin de tout contrôler ...
Contrôler ce que l’on vit mais aussi qui l’on est, face à soi-même et face aux autres.
Contrôler son apparence mais aussi son attitude et ses sentiments.
Finies alors la simplicité et l’insouciance, l’attention et l’acceptation.
Dans ce genre d’épisodes, on rencontre des barrières, on subit des coups de frein, on obéit à des panneaux de limitation. Nous sommes sur la route que notre inconscient trace pour nous et qui nous emprisonne …
Ne surtout pas déraper, ni accélérer ni ralentir. Être là où nous devons être, voilà l’unique code.
Or la joie de vivre et le bonheur qui lui est intrinsèquement lié ne peuvent se rencontrer sur une telle voie. Le ciment et l’horizon à perte de vue ne sont pas source de belles promesses.
Ne jamais enfreindre les règles, ne jamais quitter la ligne blanche des yeux, c’est s’emprisonner, c’est passer à côté de l’essentiel : l’inattendu.
La vie qui rend heureux se trouve ailleurs que sur une carte. Elle est là, au milieu des herbes folles : de la paille dans les cheveux et de la gadoue aux souliers.
La vie est là, où on ne l’annonce pas. Elle exige de délaisser les plans et de jouer avec les angles morts des autres conducteurs. Elle nous demande un peu de folie, un coup d’adrénaline.
Vivre, c’est accepter de décevoir, de ne pas être là où on devrait être.
C’est dévier de sa route pour être son propre architecte …
Vivre, c’est tracer soi-même sciemment son sentier.
C’est être pilote et co-pilote. C’est oser freiner puis donner un coup de volant vers rien et tout à la fois. Vers un inconnu fait de précipices et de gouffres. Fait de prairies et de clairières.
Vivre, c’est fermer les yeux, écouter son cœur et agir en conséquent.
Vivre, c’est se libérer du contrôle que nous imposent la société ainsi que nos peurs.
Peurs de ne pas être là où on nous attend. De décevoir. D’être abandonné, rejeté.
Peurs d’être trop vrai, trop sincère, trop libre.
Peurs de déranger et de kiffer sa vie ?
Le contrôle me fait souffrir. L’autoroute sur laquelle je me suis engagée m’empêche de regarder le paysage. Je passe à côté de mon vrai moi.
Alors j’ai décidé que j’allais ralentir. Avant le grand tournant.
Avant de foncer dans les ronces et de déraper sur les feuilles. Avant de chuter et d’en rire.
Oui, je veux lâcher-prise. Être moi : discrète et vulnérable. Gourmande et imprévisible. Exigeante et impatiente.
Je veux mes égratignures et mes larmes. Je veux aimer et détester. Je veux rire et pleurer. Je veux prendre des risques et faire des ratés.
Je ne veux plus avoir peur d’être moi. Je veux vivre loin de tout contrôle. Qu’il vienne des autres ou de moi.
Marine Sch.





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