Je l’ai supprimé

Je l’ai supprimé. Pas de mon cœur mais des réseaux sociaux : Facebook et Instagram.

Ça ne m’enlève pas la douleur qui suit une

rupture amoureuse. Douleur qui était bel et bien là après l’avoir eu au téléphone hier soir ...

Mais c’est un premier pas, n’est-ce pas ? Un premier pas vers l’idée que je ne veux plus de lui dans ma vie. Que je vais tenter de le désaimer, avec le temps comme allié.

« Retirer de sa liste d’amis » une fois puis deux. Ça n’atténue pas mes sentiments. L’acte est symbolique mais ça peut m’aider. En tous cas, j’espère que ça va me permettre de regarder définitivement l’avenir autrement, sans lui.

Je pensais que c’était déjà le cas mais l’appel de la veille m’a rappelé que non, pas complètement. En effet, s’il m’avait proposé de se revoir, j’aurais dit oui. De lui pardonner, oui. De se remettre ensemble, oui.

En fait, j’avais l’espoir que s’il voulait m’avoir au téléphone, c’était pour revenir dans ma vie, à sa place …

A force d’attendre qu’il me rappelle à l’heure convenue pour qu’on échange de vive voix, je me suis donc surprise à croire qu’il avait peut-être compris l’erreur commise en mettant fin à notre couple. Qu’il avait des regrets, que je lui manquais au point de mettre sa fierté de côté.

Mais non. Non, il ne veut plus de moi, de nous. Non, je ne dois plus espérer quoique ce soit de lui. Il a compris qu’il avait agi comme un connard (c’est son mot), que je ne méritais pas ça mais … mais il ne reviendra pas sur sa décision, parce que dit-il je le connais, quand il décide quelque chose, c’est ainsi et puis voilà …

Alors voilà, je l’ai écouté, j’ai répondu à ses questions : moi, ça va et à l’école aussi, ça va. J’ai respecté son choix : c’est mieux ainsi, d’accord. Prends soin de toi et au plaisir de te reparler. D’accord. Salut. Salut.

Et j’ai raccroché. Et j’ai pleuré. Je ne m’attendais pas à ces larmes mais je les ai laissé couler. J’ai même fini par me réjouir de leur présence : moi, avec lui, j’ai été sincère, toujours. J’ai été amoureuse.

Alors qu’est-ce que j’ai à me reprocher au final ? Si, ça n’a pas marché, c’est à cause de lui : il n’était pas le bon …

Moi, j’ai été vraie, dans mes paroles, dans mes actes, dans ma manière d’être, jusque dans

mes sentiments. J’ai été vraie du début à la fin. Ça ne l’a pas satisfait ou en tous cas, ça n’a pas suffi pour le faire rester, pour le faire revenir. Ce que je lui ai donné n’était pas à sa hauteur. Tant pis.

Tant pis car il est temps pour moi, le concernant, de mettre à la corbeille ses photos et nos conversations. Il est temps pour moi de ranger la boîte de nos souvenirs communs et d’en commencer une nouvelle ou au moins de faire du rangement de manière efficace, en vue de l’avenir.

Il a fait partie de ma vie, maintenant il est temps qu’il en sorte.

J’ai eu peur de le perdre et ce plus d’une fois. J’ai eu envie de le voir à des heures incongrues. J’ai désiré passer du temps avec lui sans suivre les étapes d’une rencontre-type, … Excuse-moi de t’avoir aimé ?

Aujourd’hui, je paie le prix de mon amour : j’ai eu mal d’entendre sa voix, de le savoir toujours aussi résolu à ne plus vouloir de toi. De l’imaginer de nouveau serein dans sa vie : à son travail, avec sa famille et ses amis.

Alors, moi aussi, je fais un choix. Celui de ne plus lui permettre de lire mes textes. De savoir indirectement de quoi sont faites mes journées. De faire les choses bien : en attendant les cinq prochaines semaines post-rupture pour prendre de mes nouvelles.

Aujourd’hui, je ne veux plus m’imaginer avec lui, je ne veux pas non plus qu’il devienne mon ami. Je veux qu’il sorte de mon quotidien.

Lui et moi, c’est du passé. Il y a eu de bonnes choses. Il y a eu des sentiments et même de l’amour de mon côté. Une page a été écrite, elle fait partie du livre de ma vie, mais à présent, je passe à un nouveau paragraphe et il n’en fait pas partie ´.

S´il avait été le bon, il n’aurait pas cassé, ou au moins il serait revenu quand moi, j’étais encore prête à l’accueillir dans mes bras. Il n’a pas saisi son ultime chance, alors oui, je l’ai supprimé des réseaux sociaux.

Je l’ai supprimé et ça ne rime pas à grand chose, je vous l’accorde, mais cette nuit, je ne dors pas, alors j’aurais au moins fait ça. J’aurais décidé que moi non plus je ne voulais plus de lui.

Je ne l’attendrai plus, je ne l’espèrerai plus.

Je ne l’oublierai pas pour autant, je ne serai jamais insensible à sa voix et indifférente à sa présence mais par cet acte, je lui dis adieu et me laisse la liberté d’aller mieux sans lui.

Ça n’est pas facile et avancer avec le sourire, sincèrement, n’est pas pour demain. Mais je vais y arriver. Car quelque part dans ce monde, quelqu’un a de l’amour pour moi ?

Car il est temps d’être de nouveau heureuse.

C’est la première fois que je prends le temps de supprimer quelqu’un sur Internet … Si je l’ai fait, c’est donc parce que je suis vraiment décidée à passer à autre chose.

Je veux faire en sorte que mon amour s’amenuise et je lui laisse pour cela le temps que son destinataire du moment vide le flacon de parfum que je lui ai offert. Ensuite plus d’effluve, plus de rêverie - L'Homme idéal de Guerlain, quelle idée ai-je encore eue. Je me veux de nouveau capable d’aimer.

Et d’aimer cette fois un homme qui en retour m’aimera entièrement, quitte à reconnaître ses torts, à renoncer à la perfection, à faire des folies pour moi.

Je l’ai supprimé et je vais vers un nouvel horizon.

Marine Sch.