Citations de "Je revenais des autres" de Mélissa Da Costa
- Marine Sch.
- 30 mars 2022
- 3 min de lecture

"On avait l'impression qu'ils étaient deux amis, ils plaisantaient, ils se taquinaient, on ne pouvait rien soupçonner. Et l'instant d'après, on surprenait un regard qu'ils se lançaient et alors il était impossible de ne pas le voir : ils étaient amoureux. Il suffisait d'une seconde pour capter cet éclat dans leurs yeux."
"-Pourquoi tu as peur qu'on t'aide ?
-Parce que quand on laisse les gens vous aider, après on ne peut plus vivre sans eux.
Rosalie soupira :
-Ce n'est qu'une impression ..."
"-Qu'est-ce que tu veux dire?
-Qu'on arrive toujours à trouver la force de tout surmonter, même si on a l'impression qu'on va simplement mourir de douleur. Et tu sais comment on surmonte tout ça ?
Ambre secoua la tête, les yeux rivés à ceux de Rosalie.
-Grâce aux autres. Aux personnes que tu laisses t'aider. C'est comme des mailles qui s'accrochent les unes aux autres à l'infini. Les autres te font souffrir et ce sont ensuite d'autres "autres" qui te sauvent. Tous les maux viennent des autres mais aussi toutes les guérisons."
"-Ils sont trop faibles.
-Ils le sont tous.
-Les parents ?
Tim acquiesça, l'air grave.
-Pendant des années, on croit qu'ils sont forts, qu'ils nous protègent. Et puis ... on ouvre les yeux et on se rend compte que ce sont eux les faibles et que nous, on peut les briser en quelques mots.
-Leur problème, c'est qu'ils nous aiment. Malgré tout ce qu'on fait. Je veux pas être parent. Jamais."
"-Les personnes comme moi ont disons .... une espèce de peur permanente de revivre un abandon. Quand tu vis en permanence avec la trouille d'être laissé, que tu n'en dors pas la nuit, tu ne peux que foirer toutes tes relations amoureuses. Soit tu surinvestis pour t'assurer de l'amour de l'autre, tu demandes à être rassuré en permanence, tu deviens complètement possessif et exclusif ... Il n'y a plus de limite. Soit tu passes, au contraire, ton temps à provoquer ce que tu redoutes le plus de subir.
-C'est-à-dire ? marmonna Tim.
-C'est-à-dire que tu passes ton temps à abandonner les autres avant qu'ils ne le fassent. C'est idiot. Inutile. Mais ... chacun sa façon d'affronter ses névroses."
"-J'ai tout gâché. Ça doit vous servir de leçon. Quand on s'aime, on ne devrait jamais se poser de questions. Aucune n'en vaut la peine. Il faut se contenter de vivre son histoire. Promettez-moi que vous ne serez jamais aussi bêtes."
"Longtemps j'ai cru qu'être heureux, c'était trouver une stabilité, vivre un bonheur sans tache, jamais troublé, jamais questionné. Ne pas faire de vagues. Finalement, j'ai compris qu'être heureux, ça peut être au contraire choisir de faire table rase du passé, perdre des gens pour prendre le risque d'en rencontrer d'autres. Être heureux, c'est quelque chose que l'on obtient quand on a eu le courage de tout envoyer balader et qu'on a pris le risque de tout recommencer à zéro. Être heureux, ce n'est pas la sérénité, le calme et le bonheur sans vague. C'est au contraire être capable de tout faire voler en éclats, de tout remettre en question, toute sa vie si on le souhaite."
"C'était plutôt comme un récipient qui se remplissait petit à petit de gouttes de pluie. Les autres nous remplissaient, ils nous donnaient une existences un sens, une consistance. On devenait une petite part de chacun d'eux. On n'était plus jamais vide."
"Ils disparaîtraient tous, ces "autres" qui lui avaient offert un livre, un bracelet, une légende sur les perce-neige, un poème ... Et elle sourit. Car elle venait de comprendre, avec un mélange de tristesse et de mélancolie, qu'il valait mieux pleurer toutes les personnes merveilleuses qu'on perdait plutôt que de ne jamais les avoir connues."



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