Chapitre 31

A quelques mètres de mon école, il y a un homme qui est là quasiment chaque matin. Il est debout et semble faire les cent pas. Il a les cheveux longs, une barbe mal taillée mais dès qu’il m’aperçoit, il me fait un grand sourire. Alors moi aussi, je lui souris.

Je n’ose pas lui souhaiter une bonne journée : que fait-il de son temps ? Je ne lui donne pas non plus de monnaie ou de denrées alimentaires : si je commence, je ne saurais plus m’arrêter ! Et il paraît qu’il faut penser à soi avant de penser aux autres …

Les premiers jours, j’étais gênée de me contenter ainsi de sourire à cet homme qui en apparence dort dehors ... Et puis à force de recommencer, de le sentir réceptif, content même, je me suis sentie plus légère. Je crois même que je me suis mise à partager sa joie …

Une joie toute simple. Une joie des plus banales : celle d’un échange de quelques secondes entre deux individus qui ignorent tout l’un de l’autre mais qui prennent le temps de se considérer, de se respecter.

Nous n’avons pas la même vie, la même chance sûrement aussi, mais malgré tout, nous nous témoignons un soupçon de considération. Et c’est toujours bon à prendre pour commencer sa journée.

Un petit peu de bienveillance, le temps d’une rencontre … Une rencontre fortuite, comme je les aime.

Pour découvrir la mise en voix du chapitre 31, c’est ici : https://m.youtube.com/watch?v=vuB7gD-7wlI