Ce matin, je rencontre la maîtresse avec laquelle je vais dorénavant partager ma classe. Deux jours chacune. Je lui confie mes travailleurs et mes rêveurs, mes timides et mes spontanés, mes attachants et mes pénibles, mes élèves. Et ce n’est pas aussi facile que ça en a l’air.
Je ne serai plus LA maîtresse des CM2b. Maintenant, nous serons deux sous cette appellation.
Je ne suis pas jalouse mais j’ai du mal quand même à laisser cette femme entrer dans notre vie sans un petit peu de nostalgie.
C’est que, moi, j’aurais bien aimé finir à temps plein l’année avec les 22 enfants de cette classe. Aller au bout du programme, de nos objectifs. Continuer à apprécier leurs progrès au quotidien. À répéter aux plus rebelles pour la millionième fois de mettre correctement leur masque. À les saluer tous, à tour de rôle, avec le coude à l’entrée de la classe. À répondre à leurs commentaires comme il parait je sais si bien le faire (maîtresse, vous avez fait une école de clashs quand vous étiez petite ?).
J’aurais aimé rester leur maîtresse de CM2. La seule. Celle qu’ils n’oublieront pas, pour les bonnes notes, pour les concours de dessins, de logique, de lecture, de calcul, de comportement ! Pour les travaux en groupe et les parties de balle aux prisonniers. Pour les confidences et les remises à sa place. Pour les imprévus et les fous rire. Pour tout ça et tellement plus.
Oui, partager mon univers professionnel va être difficile. En effet, même si mon travail me prend beaucoup de temps et d’énergie, il m’aide - en ce moment comme depuis 4 ans - à trouver ma place au sein de notre société. À croire en moi. Je suis loin d’être parfaite mais je suis une maîtresse que les enfants semblent apprécier, qu’ils auraient bien gardée avec eux 4 jours sur 4 comme en témoigne leur pétition « pour que Madame X reste » ... La hiérarchie en a décidé autrement ... Mais ce n’est qu’un au revoir. Un mal pour bien ? Certains élèves pourraient en effet prendre sur eux à l’avenir pour être plus sages en ma présence, pour que les deux jours ensemble soient les plus sympas de la semaine ?! Allez, comme disent mes collègues, pour le moment, c’est surtout à la nouvelle maîtresse de se faire du soucis ... Ainsi, souhaitons-lui « Bienvenue » mais aussi « Bonne chance » dans cette classe agitée ou juste pleine de vie !
Marine Sch.