Le 14 juillet

Allez, l’année prochaine, ce sera la bonne !

Aujourd’hui, ce n’était pas encore "ça" ...

Pas de bras autour de ma taille,

Pas de torse contre lequel m’appuyer,

Pas de souffle chaud dans ma nuque.

Pas de commentaires fugaces,

Pas de balancements synchronisés,

Pas de doigts entremêlés.

Pas de lèvres qui se retrouvent,

Pas de regards qui se dévorent,

Pas de silhouettes qui se suivent.

Pas de promesses sensuelles,

Pas de partages endiablés,

Pas d’impatience irraisonnée.

Aujourd'hui, je suis allée au feu d’artifice du 14 juillet à Paris et je n’étais pas seule : plus de 15 000 personnes sont venues, comme moi, voir la Tour Eiffel faire son show !

Au final, cette année encore, nous avons eu raison de faire le déplacement et de montrer patte blanche (le pass sanitaire) pour entrer dans la zone à la vue la plus spectaculaire. En effet, l'oeuvre de Monsieur Eiffel était magnifique dans ses habits de lumière et de feu ! Comme à son habitude, elle était belle, notre dame de fer, et elle en a joué en nous en mettant plein la vue et en nous laissant subjugués devant ces innombrables tirs pyrotechniques.

Comme les autres, je me suis faite avoir : avec plus de deux heures d'avance, j'étais au rendez-vous, sur mon carré d'herbe. Et quand le feu d'artifice a commencé, je me suis sentie toute petite tant le spectacle à ciel ouvert était grandiose.

Quand j'ai vu l'un des bâtiments les plus emblématiques de mon pays briller de mille feux et, ainsi, rassembler la foule, je me suis sentie à ma place.

Vive le bleu, blanc, rouge mais aussi la liberté - thème de la soirée !

Vive la France et nos valeurs démocratiques !

La Tour Eiffel était si belle ce soir que j’ai vu les poils de mes bras se dresser !

J’ai frissonné de plaisir notamment quand j’ai entendu les applaudissements et les chants de mes compatriotes français. Eux aussi, ils gardent espoir : la tolérance, la paix et la cohésion sont encore d'actualité. Des valeurs fragiles, à défendre au quotidien mais qui restent chères à nos coeurs.

Malgré tout ce que nous traversons - les attentats, les catastrophes climatiques, l'augmentation du nombre d'habitants - malgré l'état de la Terre, nous rêvons d'un monde qui vit plus qu'il ne survit. Et c'est, je crois, un bon début pour changer les choses.

Ce soir, les femmes et les hommes autour de moi avaient donc envie de ne former qu’un et un seul pays : celui de la liberté et ça m'a fait du bien de le ressentir.

Ainsi, j'étais heureuse d'être là sur le Champs de Mars.

J'étais heureuse de faire partie de ce tout imparfait mais qui garde la tête haute et la faculté de s'émerveiller.

Le feu d'artifice de ce 14 juillet 2021 était, selon moi, un incontournable.

Pourtant, il me manquait quelque chose ...

Un sentiment ? Une personne ? Les deux à la fois : je n’avais pas à mes côtés cette présence sur fond d’amour, dont je rêve de plus en plus souvent … Cette présence qui, concrétisée, prend la forme d'un homme que j’aime et qui m’aime.

Oui, ce soir encore, cet homme s'est fait remarquer par son absence.

Ainsi, mes bras sont restés croisés sur ma poitrine, Mon dos solide et raide, Et ma nuque à la merci du vent. Ainsi, des voix inaudibles m'ont assaillie de toute part,

Mes pieds ont tapé maladroitement la mesure, Et mes doigts se sont resserrés sur du vide. Ainsi, mes lèvres se sont mordillées entre elles, Mes yeux ont envié les couples,

Et mon corps a évité les contacts étrangers. Ainsi, je n'ai eu qu'un bon somme en guise de promesse,

J'ai cherché seule à retrouver les titres des chansons passées,

J'ai tourné la clé de chez moi sans entrain particulier.

Ainsi, j'ai passé une bonne soirée ...

Mais aujourd'hui, ce n'était pas encore "ça".

Allez, l'année prochaine, ce sera la bonne !

Marine Sch.