C'était un homme ...
- Marine Sch.
- 28 mai 2021
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 29 mai 2021
C’était un homme et il est mort.
C'était un homme et il est mort de ce virus - pour le moment le plus célèbre du XXI ème siècle - alors que personne ne s’y qu’attendait, car c’était un homme sans antécédent médical.
C'était un homme en forme. Un bon vivant qui n’a jamais fumé. Qui n'aurait pas hésité à discuter avec vous, si vous lui aviez accordé un petit peu de votre temps.
C'était un homme bavard et généreux : il ne regardait pas sa montre, il rigolait volontiers. Il aimait la vie et lui faisait honneur en en profitant à toute heure de la journée, avec n'importe qui.
C'était un homme et il est mort, victime insoupçonnée de ce mal qui ne nous quitte plus et qui continue encore à tuer, malgré les mesures de déconfinement en vigueur.

Je n'aime pas les gros mots mais quelle foutue maladie, cette covid-19 !
Que nous apporte-t-elle ?
Nous savons que notre passage sur Terre à l'échelle de l'univers est risible.
Nous savons que ce que nous considérons comme des problèmes insurmontables ne l'est pas réellement.
Nous savons bien des choses et continuons malgré tout à nous plaindre ?
Oui et alors ? Ce n'est pas une raison pour nous envoyer des piqûres de rappel !
Quel que soit le dieu qui décide de ce genre de drames, même si ça part d'une bonne intention : qu'il se les garde. Des raisons de pleurer, nous nous en créons tout seul. Nous n'avons pas besoin de son aide. Survivre dans notre monde sans cesse en évolution est déjà un exploit, à quoi bon rendre les choses impossibles ?
Ce virus n'a pas de pitié. Il emporte sans distinction autour de nous et cet homme dont je vous parle en est la preuve.
Je ne le connais pas personnellement mais peu importe : à mes yeux, chaque existence mérite que j'écrive sur elle.
Je ne peux pas le faire, je pars ainsi vaincue d'avance ... mais ce n'est pas grave : je suis humaine, imparfaite et illogique.
Et alors ?!
D'après ce qu'on m'a raconté, cet homme était aimé par sa femme, adoré par sa petite fille de 4 ans et entouré d'un grand nombre d'amis. Il avait aussi beaucoup de connaissances car en donnant sans compter, il savait se faire apprécier.
Medhi, un adolescent de quatorze ans, dont cet homme était l'entraineur de basket depuis sa première année en école élémentaire, le considérait même comme son deuxième papa.
Ils se voyaient trois fois par semaine, plus le week-end pour les matchs, ils passaient ensemble plus de temps qu'avec leur propre famille. Ainsi quand le jeune homme, baskets aux pieds et casquette enfoncée sur le front, a appris la nouvelle, il s'est effondré.
Cet homme était un professeur de sport et un coach sportif, respecté et considéré par tous ses élèves, petits et grands, comme un modèle à suivre. Il était patient et compétent. Des adultes se souviennent encore de ses cours, alors qu'ils datent de plus de deux décennies.
Cet homme incarnait la joie ainsi que la rigueur. Il ne grondait pas mais encourageait. Il taquinait et montrait lui-même l'exemple. Il faisait son métier tout en étant dans l'instant présent. C'était un mari et un père, qui avait plus d'une famille.

C’était un homme doux et audacieux, protecteur et à l'écoute, serviable et admirable et il est mort. Il voyait en chacun ses qualités plutôt que ses défauts. Il inspirait la reconnaissance.
Sa disparition ne cessera pas de ci-tôt de faire pleurer, Medhi et tant d'autres jeunes encore, qui ne trouvaient leur place qu'à ses côtés, dans le sport.
Que deviendront-ils ?
Comment retrouveront-ils foi en la vie après un tel départ ?
C'était un homme qui avait fait de sa passion son métier et qui se servait de sa trajectoire comme d'un tremplin pour les autres.
C'était un homme que vous comme moi, nous ne connaitrons jamais.
Nous ne pouvons alors nous fier qu'à ce qu'on nous en dit. Par exemple que le jour de la cérémonie d’au revoir, avant que le corps soit rapatrié dans le pays d’origine du défunt, les personnes présentes étaient des centaines et de toutes les religions.
À bas les limitations pour lutter contre la covid.
À bas les différences en matière de croyances.
À bas les discordes passées.
Les hommes savent être en paix, quand une personne, qui fait l’unanimité dans les cœurs, s’en va.
C’était un homme et son souffle s’est arrêté mais il continue de vivre dans les mémoires de ceux qui l’ont fréquenté et aussitôt appréciés.
De ceux aussi à qui on parle de lui.
Vous regrettez de ne pas l’avoir connu, vous aussi ? Mais vous êtes heureux pour ceux qui ont eu la chance de le croiser. Vous avait conscience que ses bienfaits sur Terre perdurent au-delà de sa mort. Alors vous avez un petit peu de lui en vous : vous êtes bavards et généreux, vous ne regardez pas votre montre et rigolez volontiers. Vous aimez la vie et lui faites honneur en en profitant à toute heure de la journée, avec n'importe qui.
Vous êtes comme O. et je pourrai écrire sur vous.
Vous, qui êtes des êtres humains, imparfaits, illogiques et passionnants.
Marine Sch.



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